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Que se passe-t-il lorsqu’on a rangé les vacances dans des valises en carton ? Coquillages et crustacés déplorent-ils vraiment la perte de l’été ? Pour une reconnexion en douceur, il fallait bien une petite musique pleine de mots sucrés. Je suis allée explorer, les pieds dans l’eau, la plage abandonnée par les vacanciers. Abandonnée ? Pas par tout le monde.
Septembre à la plage a le même petit goût fruité, éphémère, que juillet dans une cerisaie, celui de cet entre-deux délicieux, loin de la foule, quand une saison susurre ses derniers secrets à l’oreille de la suivante, à la lueur discrète des couchers de soleil. La ville retrouve son calme, l’horizon aussi, qui fait se télescoper poétiquement lumière d’été et fraîcheur d’automne, et inversement.
Les vacances sont finies, pourtant leur parfum est encore un peu là. La grande roue n’est pas encore totalement démontée, mais le cœur n’y est plus. La fête est finie, la roue tourne parce que c’est son destin. Bientôt, les nacelles retrouveront la terre ferme, elles s’entasseront dans un camion qui les emmènera peut-être passer l’hiver au soleil. La place sera vide, la perspective retrouvera son horizon dégagé, il faudra arpenter les falaises pour retrouver un peu de hauteur.
Marée haute, marée basse, les vagues font et défont les souvenirs sur l’estran. Elles ont emporté pêle-mêle les châteaux forts si fragiles, les baignades à la fraîche, les pique-niques au vent, les apéros à l’abri des cabines, la pêche au pousseux matinale pleine d’espoir, et tout ce qui fait le sel des plages de la Manche. Parfois, bonne fille, la mer recrache un trop-perçu, évocation souvent dadaïste du littoral... et de nos modes de vie.
La plage est donc là, telle qu’en elle-même. Elle retrouve peu à peu son côté sauvage. Elle redevient un espace de liberté où des destins se croisent sans se connaître : humain, animal, végétal, chacun sa trace, chacun sa manière de vivre la mer.
On rencontre bien sûr les habitués, ceux qui façonnent les rivages de la Manche. Le crabe vert en fait partie. Il doit son surnom de « crabe enragé » à son caractère de rebelle, du genre à serrer les pinces s’il se sent attaqué. On le comprend.
Autre habituée, l’arénicole a beau essayer de se cacher dans le sable, elle trace son sillon et se repère très facilement. Ce ver de sable, animal matérialisé en surface par les petits tortillons mignons qu’il sculpte, est un être étrange pour qui n’est pas pêcheur. Si vous voulez briller dans les dîners, parlez des turricules laissés sur la plage, et précisez avec délicatesse qu’il s’agit des déjections, artistiques certes, des vers de sable.
Mais cette année, la vedette de la plage, la star de l’arrière-saison, celle qui profite des dernières chaleurs et des courants, c’est elle : la méduse. J’avoue une certaine fascination pour cet animal. Je ne peux pas dire que j’affectionne sa présence, parfois synonyme de piqûre, mais cet être a une allure fantastique. Ce n’est pas pour rien qu’elle doit son nom vernaculaire à la mythologie des Gorgones. Tout, chez la méduse, intrigue : sa translucidité, son mode de déplacement élégant et feutré, presque hypnotique, sans parler de sa forme, totalement excentrique, qui lui a valu d’être classée pendant des siècles chez les zoophytes, mi-plantes mi-animaux.
Évidemment, pas question de piquer une tête avec cette charmante bestiole pour voisine. Dommage, l’eau est encore bonne — à condition d’aimer les températures toniques —. Ce n’est que partie remise...
À très vite pour de nouvelles escapades sur le littoral !
Laurence Bril
laurenceblog@gmail.com
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